Jaime & Cassidy
Pas grand chose à raconter. Voilà ce que Cassidy Jones répondrait probablement si on lui posait la question bien qu'il soit peu probable que ce genre de questions reviennent un jour dans le top 10 de celles qui servaient à commencer une conversation.
Comment le déroulement d'une journée pouvait intéresser ici. Comme chaque jour, on passait la plupart du temps à se demander si on pourrait arriver à la fin aujourd'hui encore. Le reste à faire des plans complètement suicidaires pour s'évader quand on appartenait à la catégorie qui ne se contentait pas d'attendre la fin.
Cassidy était de ce genre. Folle et suicidaire à chercher un moyen de se tirer de ce camp à tout prix. C'était malheureusement plus facile à vouloir qu'à réaliser. Les jours passaient et se ressemblaient si ce n'est que l'horreur du début devenait peu à peu le quotidien. Auraient-ils un jour la chance de retrouver les journées tranquilles d'autrefois ? Elle en doutait sérieusement. De toute manière, une fois qu'on était conscient de l'horreur qui régnait depuis le début, on ne pouvait plus l'oublier pour mener une existence calme et paisible.
Assise contre la porte de ce qu'ils nommaient "dortoir", ses yeux fixaient un point au hasard dans l'obscurité de cette pièce.
Comme chaque journée depuis qu'elle se trouvait ici, elle avait cherché vainement son frère parmi le garde manger. Plus les jours passaient, plus elle devait se faire une raison. Visiblement, Cooper ne se trouvait pas ici. Ce qui ne pouvait vouloir dire qu'une chose selon elle, il avait été emmené dans un autre con. Il n'était pas mort. Juste ailleurs. Tellement plus facile de se faire à cette idée plutôt que de baisser les bras.
Plus les jours passaient, plus la nécessité de quitter ce camp s'imposait. Si Cooper ne se trouvait pas ici, il ne restait plus qu'une chose à faire. Trouver le moyen de se tirer ici pour... explorer d'autres endroits représentatifs de l'horreur ?
Vouloir se tirer d'ici était déjà bien suicidaire... mais le faire pour visiter d'autres camps, c'était sans aucun doute le summum de la folie.
Bah... déjà, en temps normal, elle n'était sans doute pas très saine d'esprit. Faire de l'ironie ne convenait pas trop à la situation, mais c'était toujours mieux que de baisser les bras.
Dans un soupir, elle avait collé sa tête contre la porte, fermant les yeux. Elle avait renoncé depuis plusieurs heures à s'accorder quelques heures de sommeil cette nuit. Le sommeil ne viendrait pas, elle le savait.
Au cours de ses jours de captivité, elle n'avait pas été capable de grand chose. A part imaginer plan sur plan et n'en trouver aucun de réalisable. A part fixer telle ou telle personne pour déterminer si oui ou non il pouvait faire partie de la folie. Vraiment pas grand chose .... Toujours convaincue qu'un ou des chasseurs était la solution bien que ce ne soit que des rumeurs et qu'il lui faudrait encore en trouver ici, elle n'avait au final pas franchement avancé.
Par moment, elle se disait qu'elle réfléchissait trop. Le plus simple était peut être encore de tenter le tout pour le tout. Mais être suicidaire à ce point, c'était laisser tombé Cooper, ni plus, ni moins.
Un nouveau soupir plus tard et le besoin de prendre l'air était presque devenu oppressant.
Se redressant donc sur ses jambes, la demoiselle avait ouvert doucement la porte pour sentir l'air frais sur son visage, chose qui n'accordait aucun sentiment de liberté dans le cas présent. Elle n'était pas naïve pour penser qu'elle pouvait se promener librement sans s'attirer un seul problème.
Respirant une nouvelle fois, elle avait levé ses yeux au ciel avant de sentir une présence non loin d'elle.
Doucement, avec calme, sa main était venue serrer la poignée de la porte. Geste ridicule, on vous l'accorde. Si c'était le moment de servir de sandwich, rentrer dans le dortoir n'y changerait rien. Mais pardonnons les réactions idiotes d'une blonde et voyons enfin la brune.
Plissant les yeux dans la pénombre, Cassy avait pu identifier ce qui ressemblait sans nul doute à un corps féminin. Sa main s'était serrée davantage à la poignée avant que sur son visage n'apparaisse une expression intriguée conclue rapidement par un simple prénom.
- Jaime ?Avait-elle besoin de voir un visage amicale au point d'avoir des hallucinations ?
Les yeux plissés davantage encore, l'hallucination avait semblé devenir bien réel quelques secondes plus tard quand elle avait enfin relâché cette poignée pour se jeter dans les bras de celle qu'elle avait pris plus tôt comme un potentiel danger. Le cou du potentiel danger étant désormais enserré de ses bras, il ne semblait plus si menaçant.
Si elle avait su... peut être que son expression aurait été moins enjouée à cet instant. Mais ce qui provoquait la joie de revoir une personne qu'elle voyait comme une amie proche et peut être même comme un membre de sa famille n'avait pas tardé à laisser la place à une expression moins réjouie.
Revoir Jaime... bonne chose. Mais si Jaime était ici... ça voulait dire que la situation n'était pas mieux pour elle non ?
Relâchant enfin sa cible pour se reculer, elle avait finit par ajouter:
- Je sais que tu m'aimes... mais j'aurai préféré que tu me colles moins dans ce cas là. Tu peux pas t'empêcher de faire comme moi hein ? A quand la teinture blonde ?Plaisanter ? Une marque de fabrique qui sonnait beaucoup mieux que de la tristesse clairement affichée.
Les mains toujours posées sur les épaules de la brune, elle avait soupiré comme si sa propre blague n'était même pas parvenue à la convaincre.
Préférant donc revenir à l'essentiel, elle avait retiré ses mains pour lui demander:
- T'es ici depuis quand ?